création d'un bijou dans l'atelier de la créatrice Louise Kopij

Interview Louise Kopij par Label AÉ Paris

Nourrie de curiosité, Louise Kopij est une artiste créatrice amoureuse de la vie, de l’humain et de la matière. Cet amour, elle le transmet dans chacun des bijoux de sa marque éponyme. Découvrez son parcours dans cette interview riche de sens et d’amour pour l’art et l’humain. La fondatrice s’y confie avec une spontanéité passionnée pour redonner à elle-même et à l’ensemble des artistes la reconnaissance qui leur revient : celle de posséder une intelligence créative infiniment riche et unique.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Louise Kopij, artiste bijoutière autodidacte, maman, amie, une humaine sur la Terre ! Je suis active dans le métier du bijou depuis une quinzaine d’années. Les bijoux sont pour moi de véritables objets magiques, je les crée pour me soigner. J’ai été élevée par ma maman. Elle a vite compris que j’étais une enfant agitée et que les seuls moments où j’étais posée c’était quand je créais. Elle a donc beaucoup utilisé ce mode de fonctionnement pour apaiser la maison et c’est resté. Merci à elle de m’avoir donné l’espace dont j’avais besoin pour développer cet aspect de ma personnalité.

Je travaille mes collections comme des œuvres d’art. Pour chaque collection, je reçois comme des flash mentaux, que j’appelle les visions. Elles donnent le thème de l’ensemble du travail. Ensuite j’étudie le sujet d’une façon théorique pour développer une narration solide, et d’un point de vue technique et commercial pour le développement de la gamme de bijoux. J’adore ce mélange de créativité pure et de besoin de fonctionnalité d’un objet qui doit être porté, aimé, durer longtemps, être réalisé dans le respect du vivant, des équipes de production, de moi-même et bien sûr des clients : il s’agit là d’un savant et excitant jeu d’équilibriste ! Je travaille uniquement les matières naturelles et j’ai un faible pour les boucles d’oreilles en pierres asymétriques. Chaque collection, chaque pierre et chaque personne qui porte le bijou est différente. J’ai l’impression de faire des pièces uniques en série !

Boucles d'oreilles asymétriques - Libellule Paraïba par la créatrice Louise Kopij
Boucles d’oreilles asymétriques – Libellule Paraïba

Je bosse avec une équipe d’artisans joailliers belge qui assure la production en série. Merci à eux car ce sont des personnes formidables. Nulle part ailleurs je n’ai vu autant de courage, d’énergie, d’intelligence, d’écoute, de bienveillance au service du groupe, au service du beau. Dans mon expérience, les écosystèmes créatifs sont une des plus belles organisations sociales qui soient.

Aujourd’hui je vis mon métier comme si j’étais un intermédiaire entre le monde des idées de Platon et le monde concret. Je mets ces beaux objets au monde. J’ai la chance de créer des trésors au service de l’Autre : là aussi, merci. Il s’agit pour moi de véritables talismans au service du magique, du vivant et de l’énergie qui nous traverse. Le tout est fait en équipe, avec beaucoup d’amour et de soin. Ici tout prend du temps, de la maturation de l’idée à la réalisation du cadeau pour votre proche : c’est fait par des humains, pour d’autres humains, au rythme de la vie. J’ai créé une entreprise et j’ai la chance de pouvoir m’adapter au réel en insufflant à la structure des valeurs qui ont du sens pour moi. Merci à vous, d’être là, et de faire partie de ce processus.

Quelles sont vos principales sources d’inspirations ?

J’ai un peu étudié la neurologie et l’ergonomie cérébrale afin de comprendre le mode opératoire des cerveaux créatifs. La question de la sélection naturelle des artistes et celle de la façon dont il faut nourrir ce cerveau particulier m’a beaucoup interpellée. J’ai compris au fil de mes recherches que les intelligences créatives se structurent au repos. Lors de ces moments, les intelligences créatives combinent leurs découvertes et créent de nouvelles connexions entre leurs neurones, et donc de nouvelles idées. Dans mon cas, ces moments sont propices à l’ouverture des possibles. Je me renseigne alors sur tout ce qui pourrait m’intéresser : beaucoup vulgarisation des sciences (je suis une véritable nerd d’astronomie), les dinosaures, la sociologie, l’esthétique. Je m’intéresse aussi beaucoup à l’évolution des concepts du beau à travers le temps et l’histoire. Je trouve en effet que l’histoire de l’art, la peinture, la philosophie et l’économie sont des matières passionnantes. Donc voilà pour la naissance de la créativité !

Concernant la fabrique à idées à proprement parler, des philosophes sur France culture m’avaient éclairé sur le sujet. Il apparaît que pour la plupart des idées de génie il existe plusieurs étapes. Il s’agit d’abord de développer des connaissances importantes sur un sujet (donc devenir expert après des années de compétences acquises). Ensuite, il faut faire une pause puisque le cerveau créatif se structure toujours au repos. C’est alors qu’une idée arrive. Là il s’agit de prendre note puisque c’est évanescent ces petites choses ! L’étape d’après, c’est du courage. Rien d’autre. Une nouvelle idée, un nouveau concept n’est évident pour aucun acteur du secteur quand elle arrive. Il s’agit d’arriver à maintenir le cap contre vents et marées. D’ailleurs, les grandes idées ont souvent été accidentelles. Par exemple, Newton a été écarté de l’université où il bossait à cause d’une épidémie, il a passé un long moment à ne rien faire à la campagne… Il a alors conceptualisé la gravité !

Enfin, en ce qui concerne mon tout petit domaine d’expertise, il y a toute une méthodologie pour faire une gamme de bijoux qui réponde aux besoins du corps, de la sociologie du moment et du marché. Il faut donc de l’adaptation au réel et beaucoup de résilience.

Vous défendez une production slow et responsable. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche ?

Cette approche a toujours été là. Mon papa bossait dans la coopération au développement quand j’étais petite. De ce fait, les notions de commerce international, de banque mondiale, de parts de marché, d’interdépendance mondiale, de ressources limitées, d’exploitations de populations et de la Terre, ont fait partie des notions qui ont structuré ma pensée. J’ai toujours eu conscience des enjeux de production. Si l’Europe se vide de ses artisans et de ses moyens de production, on ne pèsera plus bien lourd dans les enjeux géopolitiques. Par exemple, vous rappelez de la pénurie des masques ?
Du coup ça a toujours été évident de privilégier ce qui fait sens : produire à la main, en Belgique, des objets solides, beaux, respectueux du vivant. Je ne sais pas trop comment je pourrais faire autrement, ça me détruirait. Mais il y a aussi la réalité du terrain. Après toutes ces années, je viens enfin de trouver un fournisseur de pierres qui respecte la Terre et les humains : c’est une immense joie ! Je vais enfin pouvoir travailler avec des pierres éthiques à partir de l’hiver 2022 et ça me rend réellement heureuse.

Avez-vous une pièce favorite ? Si oui, laquelle et pourquoi ?

La prochaine ! Pourquoi s’arrêter sur ce qui est déjà fait ? Je suis comme tous les créatifs, dès qu’un projet est fini, qu’importe la masse de travail investie, tout ce qui m’intéresse c’est le projet suivant (rire). Plus sérieusement, la bague Galaxy, je ne m’en lasse pas. Ça fait 6 mois que je la porte tous les jours et c’est un véritable coup de cœur. En même temps, porter une géode de calcédoine en forme de galaxie au doigt c’est un sentiment de douce puissance, alors merci l’univers ! Le jour où je l’ai portée je me suis demandée en mariage à moi-même… and I said yes (rire) ! D’ailleurs, elle est en train d’arriver sur le Label AÉ, enjoy !

Selon vous qu’est-ce qu’une mode intemporelle ?

Je pense que tout objet ou concept est le fruit de son environnement. On peut avoir la chance de produire un objet qui va fonctionner plusieurs saisons, mais au final, on reste le fruit des influences qui traversent notre temps. Par exemple, les bijoux égyptiens sont merveilleux. Ils sont le résultat croisé de mystiques, de pratiques artisanales et pré-industrielles, de l’émergence d’une classe aristocratique à même de se les payer, de campagnes de conquêtes qui donnent accès aux mines d’or soudanaises etc. En résumé, rien n’est intemporel, tout est contextualisé et c’est là tout le régal de l’histoire de l’art ! La mode offre ce terrain de jeu incroyablement riche entre sociologie, industrie, politique, artisanat et esthétique, avec en plus un contact direct avec une foule de gens merveilleux. J’adore.

Pourquoi avoir choisi le Label AÉ pour représenter votre marque ?

Quand Eddy m’a parlé de son concept de garde robe nomade, j’avais déjà tout compris en regardant son travail de shooting. Je me suis alors dit : ils sont bons, on y va ! En effet, la narration des shootings est limpide, puissante, contemporaine et très pertinente. Par ailleurs la team est ultra pro et la gestion interne est un vrai bonheur. Opter pour le Label AÉ c’est faire le choix de bosser avec des gens qui sont à la fois de bons artistes et de belles personnes avec un vrai propos. C’est important pour moi. Merci à Eddy pour sa confiance et plein d’amour à l’équipe !

Nous avons actualisé les informations concernant l’utilisation de vos données personnelles contenues dans notre Politique de confidentialité et en matière de cookies. Nous utilisons nos propres cookies ainsi que des cookies de tiers pour améliorer votre expérience et nos services en analysant la navigation sur notre site Web. Si vous continuez à naviguer, nous considérons alors que vous acceptez leur utilisation et les informations.

Refuser Accepter
× Any help ?