La fast fashion, un modèle en déclin
L’expression “Fast fashion” décrit un mode de production ultra rapide de vêtements à bas coûts. Des marques comme Zara ou H&M ont fait fortune en se calquant sur ce modèle du toujours plus pour moins cher. Mais la planète étant en alerte, la mode rapide commence à montrer ses limites. Affaires Étrangères fait le point.
Dès ses prémices, la fast-fashion a bousculé la temporalité des collections développant les symptômes de la fièvre acheteuse. Faisant de la tendance, un train qui file à grande vitesse. Pour le suivre, il faut acheter plus et plus vite. C’est ainsi que les Européens ont doublé leur consommation de vêtements ces dernières décennies, pour passer en moyenne à 20 kilos par an.
La présence des marques de mode jetable 2.0 accentue ce phénomène. En achetant de manière compulsive, des articles à bas prix, beaucoup finissent au fond du placard ou retournés en boutique avant d’être étiquetés “invendus” puis “déchets”. Les consommateurs portent deux fois moins les mêmes vêtements, car les styles et les matières deviennent obsolètes avant qu’on ait le temps de porter le même haut plus de trois fois.
Une consommation à outrance qui n’est pourtant pas sans conséquence.
Pas cher, mais à quel prix ?
Dans le registre industries polluantes, la mode se classe 2e sur le podium, après le pétrole. Rares sont les enseignes de fast-fashion qui vendent des vêtements ecofriendly. Elles fabriquent majoritairement à partir de matières synthétiques comme le polyester. Son empreinte carbone est par essence élevée, étant un dérivé du pétrole.
Le coton, bien qu’étant naturel, a un lourd impact écologique lorsqu’il n’est pas bio.
C’est une fibre qui consomme énormément d’eau. Comptez 2700 litres pour un t-shirt. La demande est si élevée que l’Ouzbékistan a vu la mer d’Aral se rétrécir. Les fleuves qui s’y jetaient ont été détournés afin d’irriguer les cultures de coton. Par ailleurs, les cultivateurs de ces champs surexploitent les pesticides pour produire plus. Ainsi le nombre de cancers et de malformations s’est multiplié, notamment en Inde.
Les dégâts se poursuivent post-culture
Pour transformer les matières brutes, les usines usent de substances toxiques qui seront ensuite rejetées, telles que le plomb, le chlore, le cuivre ou le chrome. Une fois traité, le vêtement continue de polluer lorsqu’il passe à la machine. Il va libérer des microparticules de plastique ne pouvant être filtrées. Ces dernières continueront leur chemin dans nos mers pour ensuite finir dans nos assiettes. Car oui, n’étant pas biodégradables, les poissons les ingèrent.
À l’aube du déconfinement, de nouvelles promesses voient le jour
Une lettre ouverte, parue le 12 mai dernier, réunit une quarantaine de marques s’engageant pour un modèle plus responsable. En effet, la crise sanitaire du Covid-19 a bouleversé les systèmes en place y compris les chaînes de production des marques de fast fashion, car les ouvriers basés initialement au Bangladesh, au Cambodge ou encore en Chine n’étaient plus en mesure de travailler aux cadences souhaitées.
L’objectif de leur engagement ? Réduire la cadence.
Les collections seraient exposées selon les saisons réelles. Il n’est plus question de retrouver un rayon rempli de maillots et d’écharpes.
Quant aux soldes, elles se dérouleraient plus tard et perdraient de leur ampleur.
Des initiatives en ce sens ont déjà vu le jour, notamment avec le mouvement anti Black Friday: “Make friday Green Again”. Durant cette période, plusieurs enseignes se mettent en pause afin d’encourager une consommation davantage raisonnable et réfléchie.
Mieux consommer pour mieux s’habiller
Voici les conseils de AÉ :
- Avant d’arriver dans votre penderie, votre vêtement aura sûrement fait le tour du monde. Le travail de production et les transports engendrent, à eux seuls, plus d’un milliard de tonnes de gaz à effet de serre, chaque année. Le Made in France prend alors tout son sens.
- Pensez à regarder les étiquettes. Il est préférable de privilégier les matières naturelles aux synthétiques pour la nature et la durée de vie de votre garde-robe.
- “Rien ne se perd, tout se transforme” est la promesse de l’upcycling, autrement dit la confection à partir de récupération. Tremblepierre a adopté cette économie circulaire et propose des robes en crêpe de soie issues de stocks existants.
- Chinez des pièces vintages. Parfois retravaillées, elles reprennent vie.
- Pensez aux marques produisant à la commande ou présentant des collections limitées.
- Soyez plus exigeant(e). Le mot d’ordre chez AÉ est l’intemporalité. Quoi de plus beau qu’une pièce que l’on peut porter sans qu’elle soit démodée ?
Consommer raisonnablement implique d’être conscient des valeurs et pratiques de nos marques. Les prix sont certes plus élevés, mais promettent un savoir-faire plus respectueux et des matières plus nobles. Des millions de créateurs prônent une mode respectant l’Homme et la nature. Affaires Étrangères s’engage à vous les trouver.
Des créateurs à la recherche de l’authentique éthique
“Les tendances sont faites pour la consommation. La mode, c’est une manière de s’habiller, de combiner les vêtements. Je crois qu’elle peut être propre à chacun” confie Eddy Camara Merzoug, fondateur d’AÉ. Une vitrine mettant des pièces confectionnées à partir de coton bio, de lin ou encore de soie.
On tombe sur des noms tel qu’Umòja. Des sneakers portant l’histoire africaine et confectionnées à partir de savoir-faire séculaires.
Chaque paire est travaillée à partir de matières recyclées et biodégradables. Même si la marque rencontre parfois des difficultés à utiliser uniquement des matières 100% naturelles, elle n’hésite pas à dire aux clients que sa “démarche comporte encore des imperfections malgré une volonté de faire les choses en accord avec les hommes et la nature.”
La transparence est la promesse d’une meilleure consommation et d’une penderie plus authentique.
Le label AÉ réuni des créateurs différents, mais unis par le même désir d’une mode unique et responsable.