La soie, un tissu précieux
La haute couture se l’arrache depuis la nuit des temps. Elle est fraîche en été, chaude en hiver, on l’adore pour son touché si doux, son tissu absorbant et résistant. Chemise, robe, pull, lingerie, literie, foulard… Il y en a pour tous les goûts. Symbole d’élégance et de richesse depuis des milliers d’années, la soie est une matière incontournable. Qu’est-ce qui justifie son prix ? Pourquoi ce tissu a-t-il autant de valeur à nos yeux ? On vous explique tout.
Un conte de fil
Il était une fois, une jeune princesse chinoise qui fit tomber un cocon dans sa tasse d’eau bouillante. L’effet de la chaleur lui permit de dérouler le long fil servant d’habitacle à l’insecte. Un filament doux, long et résistant.
Cette petite histoire se veut être la découverte de la soie. En effet, les Chinois sont les premiers à l’avoir exploitée. Des siècles durant, le tissu fut importé par la célèbre “route de la soie”. Traversant l’Asie jusqu’en Europe, elle finit par s’imposer en tant que matière précieuse, notamment en France.
De fil en aiguille, les carrés en twill de soie Hermès devinrent des références du “luxe à la française”. Souvent ornés d’habillage équestre, emblématique de la Maison, ils ont la particularité d’être teints par le biais de pochoirs et roulottés à la main. Cet artisanat d’excellence a mis à l’honneur la matière au sein de la bourgeoisie française devenant ainsi synonyme d’élégance, de réussite et d’exception.
Son succès, la soie le doit au Bombyx mûrier.
Soie d’élevage
Ce papillon originaire du nord de la Chine est plus communément connu sous le nom de “ver à soie”. Lorsque ce dernier entame sa métamorphose pour devenir papillon, il se met à tisser afin de former son cocon. Cocon que les sériciculteurs récoltent puis ébouillantent avant la transformation finale de la chenille. Ils extraient ensuite le fil de soie pouvant mesurer jusqu’à 1,5 km de long.
Une fois les fils démêlés, il faut les débarrasser de la séricine, la colle produite par le vers lui permettant de former le cocon. Pour une chemise, il faut compter 800 cocons, représentant 1200 km de fils. Par ailleurs, le travail de tissage diffère en fonction du produit fini souhaité.
On retrouve plusieurs types de soie :
- La crêpe de chine, au tissage serré, est connue pour son aspect ondulé.
- La mousseline, fine et transparente est souvent utilisée pour la conception de foulards.
- La georgette de soie ou crêpe georgette est un mix entre la mousseline et la crêpe de Chine.
Les amoureux de cette matière craignent souvent de se tromper de tissu, mais celui-ci est aisément reconnaissable.
- La soie est résistante et ne se déchire pas aussi facilement que le polyester.
- Reflétant la lumière, elle doit être brillante.
- Ses imperfections font sa perfection: elle n’est jamais complètement lisse, car produite par des chenilles. Néanmoins, la qualité peut varier, car il existe deux types de soie.
Soit sauvage
On trouve des marchandises produites en grande quantité vendues pour une bouchée de pain: il s’agit de soie sauvage. Elle n’est pas produite par la chenille du Bombyx, mais par un ver appelé Tasar. La matière est plus rare et plus solide, mais jugée moins belle, car les fibres textiles sont plus grossières, plus sauvages. Elle est travaillée dans des conditions beaucoup plus précaires dans des pays comme l’Inde.
En effet, les vers d’élevages, devenus dépendants de l’homme, sont éduqués à un tissage spécifique grâce à une alimentation adaptée. Les sériciculteurs doivent respecter des réglementations socio-environnementales très strictes. Les chenilles ne supportent pas la pollution et se nourrissent uniquement de feuilles de mûriers fraîches.
La soie est un produit coûteux, car elle mérite une attention particulière. Beaucoup de facteurs entrent en compte dans la fixation du prix : les contrôles de qualité, la localisation de la production ainsi que la signature d’une marque. D’élevage ou sauvage, la soie est objet de convoitise par sa rareté.
Soie dans les règles de l’art
L’avant-gardiste du kimono, Olivia Berthelot pense écofriendly pour sa marque Tremblepierre. Elle promet des textiles certifiés biologiques ou fabriqués à partir de fibres recyclées.
Pas de gaspillage non plus chez Armance&Apolline. Chaque pièce est créée sur commande. Aux yeux de Sibylle Godot, “avoir une bonne traçabilité des produits et utiliser un savoir-faire français est important”. Dans les rues parisiennes, il est possible de tomber sur l’atelier qui réunit la création, le design, l’assemblage ainsi que la couture de ses foulards de soie.
L’innovation va jusqu’au fils chez certaines marques comme Sericyne, éponyme de la colle naturelle du ver. Grâce à de récentes découvertes, la start up a pu détourner l’élevage du Bombyx Mori pour extraire les fils de soie sans l’étouffer. Les vers sont éduqués à fabriquer des objets décoratifs. Pas de tissage pour cette marque. Le produit fini prend forme grâce à la séricine qui va fixer les fils. Ce procédé promet un avenir durable pour ce textile.
Ainsi, la soierie est un art à manier avec précaution et respect. Dans une volonté de perpétuer un savoir-faire séculaire et d’offrir des matières solides et raffinées, Affaires Étrangères expose des signatures, labellisées Made in France, souhaitant innover dans la manufacture de la soie.