L’interview de Mylène Rosnel fondatrice d’Antagony – Vêtement unisexe
Antagony, fondée par la douce et pétillante Mylène Rosnel a vu le jour il y a quelques années et depuis, ne cesse d’évoluer. Entre inspirations et façon de penser, elle a su donner à Antagony une identité qui lui est propre tout en restant dans l’air du temps. Des collections unisexes aux looks minimalistes et japonisants qui se marient parfaitement avec le style d’AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
Présentez-vous en quelques mots Mylène Rosnel
Je m’appelle Mylène Rosnel, j’ai 30 ans et j’ai créée Antagony il y a maintenant 2 ans et demi. J’ai fait des études de mode en BTS dans le nord et je suis revenue sur la région parisienne. De là, j’ai fait une formation de styliste modéliste en deux ans à l’école Modesta et j’ai poursuivi en marketing management de la mode. J’ai choisi cette école parce qu’elle proposait une alternance et me permettait de faire de la théorie et de la pratique.
Pourquoi faire des collections unisexes ?
J’ai toujours aimé les vêtements homme et j’allais souvent dans ces rayons pour pouvoir piocher quelques pièces. Je trouvais que leurs chemises, leurs pulls et surtout leurs mailles avaient de belles finitions et je me disais « mais pourquoi pour nous les femmes ce n’est pas pareil ? ». J’ai toujours appris à mixer des pièces masculines avec d’autres plus féminines et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec la mode unisexe et surtout placer le style avant tout, se dire que le vêtement, on l’aime et on a envie de le porter.
Qu’est-ce que la mode éthique pour vous ?
Pour moi c’est une mode qui est globale dans la manière de penser la mode, de produire ses vêtements et ses matières. Il faut vraiment que ce soit transversal. Aujourd’hui, beaucoup de marques font de « l’up-cycling ». Cette pratique part vraiment des convictions du créateur. Pour moi la mode éthique c’est : produire autrement et moins, choisir de belles matières plutôt que des matières qui polluent, ne pas sacrifier le style et produire en plus petite quantité.
Pourquoi dites-vous qu’Antagony est une philosophie ?
Pour moi, Antagony c’est plus qu’une marque de mode. C’est comme un art de vivre. Le but étant de repenser la mode différemment. Le style est au cœur du vêtement. J’ai voulu, à travers ma marque, décloisonner le vêtement du vestiaire homme/femme. Pour moi, Antagony est comme un courant de pensées philosophiques. La société vit quelque chose et la mode est un enjeu parce qu’il faut revoir les choses, les mettre à plat et les faire différemment.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
J’aime beaucoup tout ce qui est minimaliste, scandinave, japonais, que ce soit dans le design d’objets ou dans les vêtements. J’aime beaucoup m’inspirer de ces choses-là pour avoir des lignes graphiques, des associations de couleurs et les deux créateurs que j’adore sont Martin Margiela et Yohjki Yamamoto.
D’où proviennent vos tissus ?
De fins de tissus de maisons de créateurs. C’est ce que l’on appelle des stocks dormants. Ce sont des matières que je vais retravailler par exemple en repensant la matière autrement. Je trouve que c’est un plus pour la créativité, ça booste et ça permet d’être focalisé sur un produit plutôt que de partir sur des choses un peu trop complexes et de proposer pleins de choses. Le fait de pratiquer « l’up-cycling» m’a boostée au niveau de la créativité, cela m’a donné envie de sublimer cette matière. Dès le début de ma marque, j’ai voulu utiliser « l’up-cycling », sachant que quand on est jeune créateur, on ne peut pas se permettre d’acheter des centaines de mètres de tissus. Cela permet aussi d’avoir une certaine originalité, parce que ce ne sont pas des vêtements que l’on retrouve sur tout le monde.
Outre “l’up-cycling“, j’utilise également des tissus biologiques pour les sweats et les t-shirts imprimés à impression numérique, qui d’ailleurs, sont imprimés à l’aide d’une encre respectueuse de l’environnement.
Avez-vous une pièce favorite Mylène Rosnel?
Oui, c’est la chemise « Romane » (en la touchant sur le portant). C’est vraiment une pièce qui définit Antagony avec son côté décalé et japonisant. Le but étant de jouer sur la subtilité. Elle est à la fois très sobre et originale. C’est une pièce idéale pour l’été, qui est d’ailleurs ma saison préférée (rires). Avec cette pièce, on peut jouer sur le côté masculin/féminin. J’aime beaucoup la chemise « Alex » avec son côté imprimé qui est tissé dans la matière. Cette chemise par exemple, est faite à partir de tissu en stock service, autrement dit c’est du tissu qui est toujours disponible.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer Antagony ?
Quand je faisais mes études, la dernière chose que je voulais faire, c’était créer ma marque. Le fait d’avoir été en alternance m’a permis de voir et de découvrir différents secteurs. J’ai eu l’occasion de travailler chez Givenchy, dans une centrale d’achats qui travaillait pour Etam, Camaïeu et Naf Naf ainsi que pour Sharing sportswear. Parmi ces différents secteurs, Sharing me laissait beaucoup d’autonomie, grâce à cela, j’ai gagné en maturité et en professionnalisme. Ils m’ont laissée lancer la première collection femme. La centrale d’achat m’a permis de voir différents styles de marques, notamment pour le jean qui est un secteur spécifique. Et chez Givenchy, j’ai travaillé en tant qu’acheteuse de matières premières. Ce sont des points divers qui me reflètent beaucoup parce que j’aime énormément voir les choses dans leur globalité. De là, je me suis rendue compte que ça ne véhiculait pas mon message et que ça ne me représentait pas. La seule manière de m’épanouir était de créer ma marque. C’est comme ça que les choses ont commencé petit à petit.
Mylène Rosnel, pour ou contre la robe pour homme ?
Pour ou contre ? C’est comme claquettes chaussettes (rires). Je ne vais pas faire de débat là-dessus. Moi personnellement, les claquettes chaussettes je ne peux pas les voir. La robe pour homme, je me dis qu’il y a d’autres manières de montrer que l’homme et la femme peuvent s’habiller pareil.
Pourquoi avoir choisi AFFAIRES ÉTRANGÈRES pour représenter votre marque ?
Ce qui me plaisait beaucoup, c’était le côté multiculturel de la sélection des savoir-faire du monde et en même temps je trouve qu’Eddy a vraiment un œil très stylistique dans le sens où il associe des pièces sans jamais faire too much. J’étais admirative de voir comment il composait ces looks et comment il pouvait associer une pièce « made in France » avec une broderie qui venait d’Afghanistan, et je me disais «pourquoi on ne voit pas ça plus souvent dans la rue, pourquoi les gens n’osent pas ? ». Ce n’est jamais trop, juste ce qu’il faut. Je suis vraiment contente qu’Antagony fasse partie d’AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
Propos recueillis par Apolline PRULHIERE.