Seconde main et créations
L’industrie de la mode, l’une des industries les plus polluantes au monde, est en pleine mutation. Face aux défis écologiques à relever pour le monde de demain, les consommateurs attendent des marques qu’elles transforment leur mode de production. Elles-mêmes n’ont pas attendu pour s’engager à travers leurs actions : les modes de consommation évoluent et la seconde main a désormais le vent en poupe.
Pourtant, acheter neuf n’entre pas nécessairement en conflit avec ce mode de consommation conscient. Paradoxal ? Pas tant que ça !
Le marché de la seconde main, symbole d’une culture en mutation
D’après l’Institut Français de la Mode (IFM), en 2019 39% des français ont acheté au moins un accessoire ou un vêtement de seconde main : ce marché, estimé en 2020 à 7,4 milliards d’euros, est en plein boom. L’engouement pour le vintage se décline sous de nombreuses formes : les friperies, solidaires ou à but lucratif, fleurissent partout. On en trouve dans tous les quartiers et dans bon nombre de villes et de villages de France.
Pour plaire aux consommateurs et correspondre à leurs habitudes en pleine mutation, l’industrie de la mode a su s’adapter. Les marques sont désormais nombreuses à afficher une façade plus « verte » : collecte de vêtements chez H&M ou APC, restauration de pièces abîmées chez Weston, choix de tissus issus de matières recyclées chez Stella McCartney, Marine Serre…
Fast-fashion et luxe cheminent dans la même direction : réduire l’impact de leur industrie – et surfer sur la vague d’un marché lucratif.
Chaque année en France, entre 10 et 20 milles tonnes de textiles sont jetés. Sous cet aspect, le boom du marché de la seconde main et de l’upcycling est de bon augure : pour éviter que 85% des vêtements finissent leur vie dans une décharge
Le marché de l’occasion est vaste : il comprend la revente de vêtements entre particuliers, la vente de vêtements de seconde main par des boutiques spécialisées ou par des lieux associatifs ou encore la récolte et la revente par une marque de ses propres produits.
L’upcycling – ou surcycling en français – a lui aussi de beaux jours devant lui. Il consiste à récupérer des chutes ou encore des draps, des rideaux, des fibres de tissus d’anciens textiles, pour donner naissance à un nouveau vêtement.
Ces pratiques, sans se présenter comme des solutions miracles à la crise environnementale qui se profile, ont le mérite d’amorcer un mode de consommation plus respectueux des ressources et du travail humain.
Acheter du neuf : est-ce compatible avec un engagement écologique ?
Acheter du neuf : est-ce compatible avec un engagement écologique ?
Acheter seconde main et vintage participe à diminuer la production de vêtements et donc à réduire la pollution de l’industrie vestimentaire. Pour autant, il semble difficile – voire tout bonnement impossible – de se passer complètement d’acheter du neuf. Pour certains produits, pas question d’acheter de la seconde main, surtout quand on cherche de la qualité. Que cela réponde à un besoin (par exemple, une paire de chaussures en parfait état) ou à un désir (ce sac irait très bien avec notre manteau préféré), le neuf fait encore partie de nos vies.
Alors comment concilier ses besoins fashion et son engagement écologique ?
La réponse est simple : en consommant la mode en conscience. Acheter moins et mieux est le nouveau crédo des consommateurs engagés. La fast-fashion est remplacée par la slow-fashion : plutôt que d’acheter et de jeter à l’infini des pièces qui se dégradent vite, on achète moins mais de meilleure qualité.
Le choix se porte plutôt sur des pièces travaillées, dont les matières sont choisies avec soin et réalisées de manière presque artisanale.
Le Label AÉ est conscient et engagé. Il soutient des créateurs d’une mode respectueuse et durable. Parmi ceux-ci, Antagony, Mayrena et Bresma sont des marques profondément engagées dans le mouvement de la slow-fashion : les matières sont issues de l’upcycling de luxe, puisque les tissus ou les matières sont récupérés dans les ateliers des grandes maisons parisiennes. Tout est réalisé en France, les produits ne voyagent pas inutilement mais au contraire s’intègrent dans le mouvement d’une mode consciente.
Les ateliers de la marque favorisent la réinsertion professionnelle par la formation aux métiers de la couture : pour ANTAGONY, l’engagement social est indissociable de l’engagement écologique. Dans cette maison consciente, chaque pièce est réalisée en série limitée – voire en pièce unique. Acquérir une pièce ANTAGONY, c’est s’engager pour le monde de demain.
Réconcilier la mode avec l’intemporel
Dans son essai Système de la mode, paru en 1967, le philosophe Roland Barthes écrit « Chaque nouvelle mode est un refus d’hériter, une subversion contre l’oppression de la précédente ; la mode se vit comme un droit, le droit du présent sur le passé. » En d’autres termes : chaque génération redéfinit ses codes esthétiques en rupture avec la génération précédente, en rupture avec leurs parents.
Pourtant, la mode connaît en même temps un éternel retour : les tendances reviennent, transformées ou intactes, et connaissent une nouvelle vie. Les tendances vont même de plus en plus vite : le retour en force des tendances des années 1990 depuis le milieu de la décennie 2010 est suivi de près par le retour en grâce des années 2000 – toutes proches.
L’éphémère ne semble plus être le mot d’ordre de la mode. Même si à bien des égards elle est encore loin d’être véritablement responsable – pour s’en convaincre, il suffit de suivre les micro-tendances provoquées par le réseau social TikTok – la mode progresse.
Le vintage n’est-il pas la preuve que les pièces ayant appartenu à nos grands-parents – ou même à nos parents – nous fascinent ? Le travail de certains créateurs soutenus par le Label AÉ consiste à faire dialoguer modernité et tradition, pour ancrer la mode dans l’intemporalité.
Pour réconcilier l’achat d’occasion et l’acquisition de pièces neuves, une philosophie de vie est à construire : celle d’aborder la mode comme une continuité, avec respect pour l’environnement, pour les concepteurs et pour les pièces elles-mêmes. C’est dans la durée que nos vêtements révèlent leur véritable richesse.