Sibylle Godot : Une créatrice d’écharpes engagée
Sibylle Godot, fondatrice d’Armance & Apolline, nous parle de sa carrière, de son envie de créer et de son amour pour les tissus et la conception. Vosgienne de naissance et parisienne d’adoption, sa ligne d’écharpes est dans l’air du temps, avec différentes inspirations. Toutes uniques et singulières, elles sont labellisées « Fabriquées à Paris ». Une marque éco-friendly et une créatrice haute en couleurs et en créativité.
« Qui est Sibylle Godot ?
Je suis la fondatrice de la marque Armance & Apolline. J’ai longtemps travaillé dans le tertiaire en tant que responsable administrative et financière. En 2017, j’ai intégré une couveuse d’entreprise pour assurer le développement de ma marque et depuis cette année, je suis micro-entrepreneur. Ce projet est porté par l’ensemble de ma famille. Une de mes filles s’investit beaucoup côté marketing et mon autre fille me sert de modèle (rires). J’ai grandi dans les textiles. Mon père a longtemps travaillé en atelier, ma soeur est couturière. C’est une transmission du savoir familial.
Pourquoi Armance & Apolline ?
Armance & Apolline sont les prénoms de mes deux filles. Référence due à ma sensibilité littéraire. Armance étant le premier roman de Stendhal et Apolline, le prénom de la mère de Chateaubriand. Je tenais absolument à ce que ma marque ait un nom français.
Qu’est ce qui vous a poussé à devenir créatrice ?
Après trente années passées dans le tertiaire, j’avais l’impression de tourner en boucle. J’avais envie d’être indépendante et d’entreprendre. J’ai voulu donner du sens à ma vie professionnelle. J’avais envie de créer, de travailler avec mes mains. Je me suis dit que c’était le moment de créer mon entreprise, de faire ce que j’avais envie de faire, de voler de mes propres ailes.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
L’inspiration me vient toute seule. J’ose les contrastes, je joue avec les camaïeux. En choisissant mes tissus, je trouve l’harmonie et j’obtiens un juste équilibre entre les matières fluides, chaudes, vivantes et les couleurs. L’association des matières et des couleurs est très importante. Je trouve également l’inspiration dans les voyages. Ils m’ouvrent à d’autres cultures, me font découvrir des souffles créateurs différents. Mais aussi, deux années d’études d’histoire de l’art ont aiguisé ma sensibilité pour le design et la peinture, qui animent l’esprit de chaque création.
Avez vous des matières, des tissus préférés ?
Oui. J’aime beaucoup travailler la soie. C’est une matière vivante, extraordinaire et résistante. Chaude en hiver, froide en été, elle s’adapte à toutes les saisons. J’aime beaucoup le lin. C’est une matière végétale totalement naturelle dont la production respecte l’environnement et c’est beaucoup plus facile à travailler. Le lin est ma « madeleine de Proust », j’ai toujours aimé ce tissu. C’est la première matière que j’ai travaillée. J’aime également travailler l’alpaga qui est une matière noble qui m’inspire. Je teste les matières, les touche, vois si elles sont agréables à porter.
Qu’est ce que la mode éthique pour vous ?
Pour moi il est important d’adopter une confection équitable : fabriquer en France est une bonne manière, non seulement de concevoir une mode moins destructrice pour l’homme et l’environnement, mais aussi de trouver des solutions d’engagements sociaux et humains qui sont les vecteurs de nombreux effets positifs sur la mode. Pour moi, avoir une bonne traçabilité des produits et utiliser un savoir-faire français est important. Je me suis rapprochée d’ESAT (Etablissements et Services d’Aide par le Travail) qui contribuent à une insertion sociale et professionnelle d’adultes handicapés pour les intégrer dans des entreprises et je me suis également intéressée à l’association des Professionnels de la Mode et du Design de la Goutte d’or qui propose des outils de production collaboratifs et artisanaux qui permettent à de petites entreprises de coutures locales de mutualiser leur savoir-faire et mettre en valeur la notion du « made in France » solidaire.
Considérez-vous votre ligne d’écharpes comme éco-responsable ?
Oui. Notamment parce que j’applique l’up-cycling en utilisant des fins de rouleaux de créateurs qui, il y a peu, étaient destinés à la destruction, pour leur redonner une nouvelle vie. Ma position d’artisan créateur également, met en valeur la qualité des produits, qui, en ce qui concerne ma marque, sont conçus, assemblés et cousus dans mon atelier au coeur de Paris. Aussi, je donne mes propres chutes de tissus à une entrepreneuse dont l’objectif est d’animer des ateliers de créativité sur le recyclage et la valorisation d’objets recyclés.
Racontez-moi une journée type dans votre atelier
Je n’ai pas de journées « types ». Il est important pour moi qu’elle soient différentes. Je me lève le matin et choisis ce que je veux faire. Je n’ai pas envie de travailler dans la contrainte.
Généralement, je commence par les mails et, par tranches de demi-journées, je peux passer de la gestion des réseaux sociaux à la logistique en passant par la comptabilité ou la recherche de revendeurs. Le fait d’avoir mon atelier et mon bureau au même endroit me donne la possibilité de gérer mon temps comme je l’entends. La seule chose que je m’interdis (d’un ton décidé) : la procrastination.
Pourquoi avoir choisi AFFAIRES ÉTRANGÈRES pour représenter votre marque ?
C’est AFFAIRES ÉTRANGÈRES qui m’a choisie (rires), j’ai sauté sur l’occasion. AFFAIRES ÉTRANGÈRES touche une cible que j’ai du mal à atteindre, qui apprécie le haut de gamme et qui est à la recherche de produits uniques. AFFAIRES ÉTRANGÈRES me permet de côtoyer d’autres créateurs et met mes écharpes en valeur. L’ADN se rapproche de ce qui correspond à mes valeurs. Au delà de l’aspect marketing et commercial, il y a une affinité dans les échanges et les choix des produits. Un respect mutuel et une bienveillance, qui sont importants pour moi. Cela m’arrive d’acheter des tissus en me disant : cela plaira à AFFAIRES ÉTRANGÈRES. »
Propos recueillis par Apolline PRULHIERE.