AFFAIRES ÉTRANGÈRES vu par son fondateur: Eddy Camara-Merzoug

Certains se demandent qui se cache derrière AFFAIRES ÉTRANGÈRES. Voilà enfin l’occasion de pouvoir mettre un nom sur ce label. Assis, les jambes croisées, sûr de lui, c’est avec sincérité et assurance que Eddy Camara Merzoug se livre et nous donne sa vision de la mode.

Qui est Eddy Camara Merzoug ?

Je suis né à Lyon d’un père guinéen et d’une mère algérienne. Mes origines me font me sentir comme le résultat du métissage. J’ai fait ma scolarité à Lyon jusqu’au bac. Ensuite je suis parti à Strasbourg faire mes études secondaires. Quand j’ai commencé à travailler chez Zara, j’étais étudiant en architecture. Ça a été très rapide. J’ai fait un an à temps partiel comme étudiant, ensuite on m’a proposé d’aider la directrice de magasin qui partait à Nice, de là, je suis descendu et je ne suis jamais revenu. J’ai eu l’opportunité de travailler en Allemagne pendant quelques mois, en Espagne au siège de Zara ainsi qu’au Moyen-orient. C’est vrai que j’ai eu l’occasion de voyager pour le travail ainsi que de mon côté. Cela m’a ouvert l’esprit sur d’autres façons de vivre et de penser.

Pourquoi le nom « AFFAIRES ÉTRANGÈRES » ?

AFFAIRES ÉTRANGÈRES pour deux raisons. Affaires parce que ça évoque les vêtements et d’autres aspects comme le petit design, la déco et l’art. Étrangères parce que ce sont des pièces, des vêtements, des pièces d’art qui n’ont rien à voir entre eux, à priori. Or, je trouve qu’il y a une grande subjectivité au sein d’AFFAIRES ÉTRANGÈRES parce que je sélectionne des pièces qui ont un fil conducteur, même si elles sont différentes, il y a un état d’esprit, un goût particulier pour le mélange et l’association de choses très différentes.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans cet ambitieux projet ?

D’abord c’est le Koweït. En travaillant chez Zara, on est dans une certaine uniformisation de l’offre de mode quoi qu’il en soit. On pousse les gens à s’habiller de la même manière. Au Koweït, les femmes avaient une certaine aptitude à se jouer de l’uniformisation. C’est-à-dire qu’elles pouvaient porter du Zara mais, soit de façon customisée, soit associée à d’autres créations plus locales. Et je me suis dit, “si on leur offrait des créateurs qui ont  une histoire singulière et une identité propre, je crois que ca pourrait leur plaire”.

En 2010, l’idée de réunir des créateurs germait. Et c’est à la toute fin 2015 que j’ai commencé plus sérieusement à me lancer dans ce projet.

Y-a-t-il un message à faire passer derrière votre label ?

Que la beauté se trouve partout et que chaque culture peut nous éblouir. Notre position de la mode, ici, s’en inspire. Dans la mode je pense qu’il y a deux choses, ce qui suit les tendances pour nous faire consommer et l’autre mode, que j’appelle la mode au-delà des modes ; c’est cette capacité de faire fi du temps et à savoir harmoniser des pièces que l’on aime et savoir les adapter à un vestiaire plutôt contemporain, occidentalisé, tout en gardant sa propre identité. Savoir apprécier ce que l’autre sait faire. Toutes les cultures sont capables de produire du beau, il suffit simplement de savoir les regarder. Je crois que le vêtement peut être un véritable vecteur d’échange et de partage culturel. 

Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?

J’aimerais que AFFAIRES ÉTRANGÈRES devienne une sorte de prescripteur. Que l’on vienne pour acheter des vêtements, des bijoux et d’autres formes d’art et en même temps aussi, qu’on vienne pour trouver des idées et pourquoi pas après, avoir des lieux physiques. Pas nombreux parce que l’idée n’est pas d’avoir des répétitions, mais un ou deux lieux physiques dans lesquels les gens puisent des idées et viennent découvrir des talents.

Comment choisissez-vous vos créateurs ?

C’est très subjectif parce que ça marche au coup de cœur. Il faut que les pièces que je vois, je les imagine très rapidement, comment on peut les marier, les switcher, comment on peut les sortir de l’image qu’on leur a donnée et leur en donner une seconde. J’utilise beaucoup Internet, les salons et les petits pop-up stores.

Vous avez énormément voyagé, quel(le) a été votre culture, votre pays préféré mis à part le Koweït  ?

C’est difficile de dire qu’on a une culture préférée parce que ça veut dire qu’il y aurait une hiérarchie dans les cultures et je pense que, de nos jours c’est très dangereux de dire ça. Donc je ne dirais pas culture préférée, mais les cultures qui m’ont impacté. Le Maroc, Israël, le Koweït, le Liban et diamétralement opposé, l’Islande. On est dans des pays où on vit tellement différemment et en même temps, la manière de porter le vêtement, ce que ça signifie dans ces pays là est parfois similaire mais à la fois tellement différent. Il n’y a pas de hiérarchie de culture mais il y a des cultures différentes qui ont une richesse phénoménale. Paris reste le point de rencontre de tout ça.

Que pensez-vous de la mode d’aujourd’hui ?

Les tendances, c’est quelque chose qui m’agace, parce que c’est uniquement fait pour la consommation. Moi je pense qu’il n’y a qu’une mode, la mode c’est plus la manière de s’habiller et de combiner les vêtements. Je crois qu’elle peut être propre à chacun. Il faut l’adapter à son environnement. Il n’y a pas une mode mais simplement un plaisir d’associer des vêtements et de les marier. Quelqu’un que je vais admirer parce qu’il maîtrise la mode, c’est quelqu’un qui s’habille de façon singulière, confortable et qui va se jouer des frontières sans que ce soit un déguisement.

Quelle marque présente sur AFFAIRES ÉTRANGÈRES se rapproche le plus de votre style ?

Je pourrais toutes les citer, car quand je les choisis, j’imagine aussitôt comment les porter, les détourner, les associer à d’autres pièces. Il se produit comme une excitation, d’envisager toutes les possibilités que m’offrent ces créations. En exagérant à peine, je dirais que je ressens le “tarab” (intense émotion suscitée par une musique, un chant, de la danse).

Comment définiriez-vous votre style en 3 mots ? Et votre label ?

Singulier, chic et élégant.

Éclectique, métissé et renouvelé. »

Propos recueillis par Apolline PRULHIERE.

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