Interview Mayrena Paris
Passion pour la matière et minimalisme : c’est sans doute là que se trouve l’origine des créations Mayrena Paris. Alexandra David, fondatrice et créatrice de la marque, a puisé ses inspirations dans son parcours fait de nature, d’art, de design et de voyages. Le résultat ? Des bijoux pensés dans leur entièreté et leur réversibilité pour être ensuite créés dans le respect de la matière. Découvrez l’histoire de la marque Mayrena Paris à travers les confidences de sa fondatrice au Label AÉ Paris.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Alexandra et je suis d’origine normande. J’ai fait toutes mes études supérieures à la Cambre qui est une école d’art et de design à Bruxelles. Je me suis spécialisée dans le design industriel et à la suite de ce Bachelor, je suis allée à Rotterdam. Là-bas j’ai travaillé pour différents studios. C’était aussi bien dans des studios de création pour du mobilier de galerie ou pour des éditeurs. J’ai également travaillé pour un fabricant de meubles. Là c’était plus du travail manuel avec de la résine, on fabriquait les meubles et les luminaires de Sabrine Marcelis. Ces différentes expériences m’ont pas mal guidées dans mon univers parce qu’il est vrai que la Hollande a quelque chose de très minimaliste. Ils ont vraiment leur style et je pense que ça m’a beaucoup influencée.
Après 2 ans à Rotterdam, je suis rentrée à Paris et j’ai commencé à créer ma marque en 2018. Mais l’aventure avait déjà débuté en 2015. J’avais sorti mon premier bracelet à partir d’une chute de métal. Je voulais faire un bracelet classique et puis je me suis rendue compte que ça ne donnait pas du tout ce que je voulais et donc, par une erreur, je suis arrivée au bracelet qui s’appelle L’origine. Des amis l’ont vu et c’est comme ça que j’ai commencé à avoir des commandes. Des femmes voulaient le porter donc j’ai commencé à le faire, juste par plaisir. Quand je suis rentrée à Paris je me suis dit : pourquoi pas le pousser un peu plus loin ? À partir de là j’ai développé toute une gamme de bijoux. C’est comme ça qu’est née Mayrena Paris.
Que signifie Mayrena ?
Mayrena c’est une origine. Ma sœur a un hôtel qui s’appelle Mayrena. C’est un nom familial qui date et qui n’est plus utilisé aujourd’hui, mais il fait partie de nos racines. Je trouvais que le nom était très féminin. J’aimais bien la sonorité de ce mot et je trouvais qu’il correspondait bien pour une marque de bijoux. Le nom fait également écho à mon premier bijou, L’origine.
Quelles sont tes principales sources d’inspirations ?
Elles sont nombreuses ! Je suis née en Normandie dans un univers équestre et depuis toute petite je monte à cheval. Mon père monte aussi tous les week-ends et fait des compétitions. J’ai toujours adoré tous ces équipements métalliques. Au début je les détournais un peu pour en faire des accessoires et je pense que ça m’a beaucoup inspiré.
Après il y aussi la Hollande où je me suis retrouvée dans un univers très minimaliste. Là-bas, on aime faire des choses très simples et rester à l’essentiel. Ce minimalisme a été pour moi une grande source d’inspiration.
Sinon je me nourris d’art. Il y a des choses qui me plaisent comme Ian Art ou encore Brâncuși. Même si ce n’est pas des choses qui ressemblent à ce que je fais, il y a à la fois ce vocabulaire de formes très géométriques et aussi un peu aléatoire pour Ian Art.
Mais surtout, je pense que mes inspirations viennent beaucoup en faisant, c’est-à-dire que j’essaie, et c’est souvent par des erreurs que j’arrive sur des formes qui me plaisent. C’est en essayant, en refaisant, en faisant évoluer chaque forme et en passant du 2D à la 3D jusqu’à la matière que j’arrive sur ce type de formes.
Comment t’es venue l’idée de proposer des bijoux recto verso ?
Comme je suis designer d’objet à l’origine, je conçois toujours un objet dans son entièreté. En général il n’y a pas de face cachée. Quand je dessine une table par exemple, on la voit dans tous ses angles : c’est la même idée pour le bijou !
Comment se passe une journée type dans tes ateliers ?
Elles sont très variées ! (rire) Ça dépend réellement des périodes. Je suis un peu touche à tout et c’est aussi ce que j’adore : je fais aussi bien de la photo, que de la communication ou de la création. J’ai des personnes pour m’aider mais c’est moi qui gère l’entièreté de l’entreprise.
En ce qui concerne la création, il y a au préalable tout un travail de recherche et de dessin : dès que j’ai une inspiration je le note. Ensuite en général, je fais le prototype dans mon atelier et c’est souvent en travaillant directement avec la matière que j’arrive à ce que je veux. C’est vraiment avec la matière que j’évolue. Après cette étape, je fais tester le bijou à mon entourage et grâce à ça je fais évoluer ce premier prototype vers quelque chose de plus précis. À partir de là je passe sur un logiciel 3D qui me permet d’aller très précisément régler les détails. Enfin, à la suite de cette étape, j’envoie mes 3D au fabricant qui sort le prototype final dans ses ateliers. Il y a aussi une partie des bijoux que je fabrique moi-même. Si c’est de la cire perdue c’est l’atelier avec lequel je travaille qui le fabrique, sinon tout ce qui est mise en forme de fil c’est moi qui le fait dans mes ateliers.
On peut constater que tu as un rapport particulier à la matière. Peux-tu nous dire quels sont tes matériaux préférés ?
Quand j’étais en Bachelor je travaillais toujours le métal, je ne sais pas pourquoi. Dès qu’il fallait imaginer quelque chose je le voyais en métal ! C’est une matière qui m’a toujours intéressée. Ensuite j’ai travaillé avec la cire parce que c’est plus approprié mais je suis tout de suite passée sur du laiton. Maintenant… c’est l’argent que j’adore ! Je trouve qu’avec l’argent il y a une souplesse que l’on n’a pas dans le laiton. Cette souplesse permet d’arriver plus justement à ce que l’on veut en la coupant, en la cuisant, en la martelant… C’est une matière très chouette à travailler et c’est vraiment devenue la matière par laquelle je passe avant de sortir tous mes tests !
Selon toi qu’est-ce qu’une mode intemporelle ?
C’est quelque chose de très simple et de pas du tout tape à l’œil. C’est quelque chose qui est très discret et à la fois quand même présent mais avec des formes très épurées. C’est aller à l’essentiel dans le design.
Pourquoi avoir choisi le Label AÉ pour représenter ta marque ?
J’ai beaucoup aimé leur sélection de bijoux. J’aime bien la façon dont ils mettent en avant leurs créateurs. J’aime également leur communication, ils ont un très bel esthétisme qui m’a tout de suite plu.