L’habit fait-il le moine ?

L’habit fait-il le moine ?

Le proverbe dit que l’habit ne fait pas le moine pourtant les vêtements sont un marqueur social, un moyen de se distinguer. Pompiers, policier(e)s, hôtesses ou stewards portent bien un uniforme pour faire reconnaître leur métier. Sinon pourquoi s’habiller différemment ? Un style est-il vraiment le reflet de la personnalité ?

Au temps des chasseurs-cueilleurs, l’homme se couvrait pour survivre. Avec l’apparition des classes sociales, les vêtements sont devenus des vecteurs de différenciation. Puis la mode a pris un envol plus éclectique, accessible à tous, mais toujours miroir de notre société, même parfois de notre personnalité.

Madame ou Monsieur ?

Gare à ces dames qui osaient porter leur regard sur un pantalon avant le 20e siècle ! Le Code civil l’interdisait. À présent, Coco Chanel et Yves Saint Laurent reposent en paix.
Jusque dans les années 1980, des codes sociaux stricts dictaient les façons de s’habiller. La femme devait être la belle épouse et la bonne mère, alors oui l’habit faisait le moine. Aujourd’hui, certaines diront que la jupe tailleur est un débris oppressant de cette époque durant laquelle la gent féminine était aussi restreinte que les jambes dans la jupe.
Femme en tailleur bleu
L’homme, lui, était le chef subvenant aux besoins de sa famille. Il symbolisait la force et l’autorité de la tribu. Il en a fallu du temps pour que des pièces telles que le sac à main ou simplement l’encolure V lui soient démocratisées.
Mais depuis que l’univers des podiums s’est émancipé de ces stéréotypes, dans les années 2000, des marques telles qu’Antagony, Bleu de Cocagne ou encore Armance & Apolline ont décloisonné le vestiaire homme / femme. Elles offrent des couleurs et des matières s’adaptant aux goûts de chacun et non plus au genre.

Certes, il est difficile de parler d’une mode pour tous : dans les boutiques les rayons continuent de séparer les genres. Libre à qui veut d’avoir un style dit “androgyne”, mais encore faut-il trouver son style…

Le décryptage vestimentaire comme outil d’introspection

“Les ados que j’ai reçus rencontrent le même problème : ils n’ont pas l’impression de correspondre aux normes physiques et vestimentaires que leur envoie la société” témoigne Diane Acquier, fondatrice de Conseils de Brune.

Les réseaux sociaux et la présence constante de publicité jouent un rôle majeur dans l’évolution des générations Y,Z. Les pressions sociétales sur l’apparence sont une problématique depuis des centaines d’années. En effet, le processus d’intégration sociale est un souci majeur, et ce dès l’adolescence. Cette recherche du moi profond accompagne la puberté. Ils ressentent le besoin de se démarquer ou au contraire de rentrer dans un moule pour appartenir à un groupe. Passer par plusieurs styles permet de maîtriser la métamorphose physique et émotionnelle.

“Peu importe l’âge, la clé est de s’accepter et d’apprendre à se connaître”. C’est ce que fait Diane Acquier avant de relooker un(e) client(e). “Découvrir qui est la personne, ce qu’elle aime ou non permettra d’affiner le style afin qu’elle se sente à l’aise dans sa peau et dans ses vêtements”. Car le regard de l’autre a une place centrale au sein de nos sociétés. Les vêtements sont un moyen de communiquer et peuvent devenir un levier social. Malgré tout, l’idée n’est pas de porter un masque pour plaire.

Une tenue, un message

Pour une soirée entre amis, un rendez-vous galant ou un repas de famille, la tenue vestimentaire sera différente selon le message à transmettre. La manière de se vêtir peut inspirer confiance ou à l’inverse repousser.
Homme en costume cravatte
Prenons l’exemple d’un entretien d’embauche.
Chaussures propres ? Jean ou pantalon en lin ? Chemise bien taillée ou t-shirt ample ? Un candidat est jugé en quelques secondes et rares sont les personnes qui ne se mettent pas sur leur trente et un pour un entretien. Pour la conseillère en image, Diane Acquier “le choix est vite fait entre deux prétendants à compétences égales. Celui qui aura une meilleure présentation vestimentaire sera pris”.

Néanmoins, dans le monde de l’entreprise, les codes aussi évoluent. “Pour mettre les chances de son côté, le recruteur doit sentir que l’on correspond à l’univers de la boîte”. En effet, l’ambiance n’est pas la même dans une start-up que dans une multinationale. Forcément la tenue varie aussi.

Je suis donc je choisis

Le choix d’un vêtement peut indiquer qui vous êtes ou souhaitez être. Alors, l’habit ne fait peut-être pas complètement le moine, mais il en dit long sur la personne que l’on est et les choses auxquelles on aspire.

Les créateurs transposent leurs pensées, leur imagination et leur personnalité dans leurs collections. Les clients se les approprient pour les remanier à leur sauce. Ainsi, choisir un vêtement, une marque, une boutique, un type de mode ; c’est aussi soutenir une cause et adhérer à une manière de penser.

“La mode c’est plus la manière de s’habiller, de combiner les vêtements. Elle peut être propre à chacun. Il faut l’adapter à son environnement. Il n’y a pas une mode mais simplement un plaisir d’associer des vêtements et de les marier. Quelqu’un que je vais admirer parce qu’il maîtrise la mode, c’est quelqu’un qui s’habille de façon singulière, confortable et qui va se jouer des frontières sans que ce soit un déguisement” confie Eddy Camara Merzoug, fondateur d’Affaires Étrangères.

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